THE EMILE ZOLA SOCIETY

Life & Times of Emile Zola

Biographie
par
David Baguley - Université de Durham
followed by a translation into English by
Valerie Minogue, London

Zola fut l'un des plus éminents romanciers européens du 19e siècle et son influence en tant que praticien et théoricien du Naturalisme littéraire lui valut une renommée mondiale. A la fois journaliste et critique pendant les dernières années du Second Empire et les premières années de la Troisième République, il se fit une réputation d'avocat du réalisme et de défenseur des peintres progressistes de la période pré-impressionniste. Egalement dramaturge et polémiste il joua un rôle décisif dans l'Affaire Dreyfus.

Zola est né à Paris le 2 avril 1840, unique enfant d'une mère française, Emilie Aubert, originaire de la Beauce, et d'un ingénieur civil, vénitien de naissance, Francesco Zola. En 1843, la famille s'installa à Aix-en-Provence ; le père de Zola avait été recruté pour la construction d'un barrage et d'un canal. Il mourut soudainement le 28 mars 1847 et sa famille s'appauvrit alors peu à peu. Le jeune Zola semble cependant avoir connu une enfance heureuse sous le climat ensoleillé du Midi, développant l'amour de la campagne et tissant des liens d'amitié étroits avec le peintre Cézanne. En février 1858, l'idylle prit fin car il fut contraint, autant par les difficultés financières de la famille que par ses ambitions littéraires, d'aller vivre à Paris avec le reste de sa famille.

L'échec de Zola au baccalauréat, en 1859, fut un revers important, qui aggrava ses difficultés. Il accepta des emplois mal rétribués et connut une période vagabonde d'extrême pauvreté, avant d'obtenir un emploi stable chez l'éditeur Hachette où il se hissa au rang de chef de publicité. Ce poste lui donna l'occasion de rencontrer d'éminents écrivains et critiques, ce qui l'encouragea à opter pour une carrière de journaliste et lui permit de dépasser ses premières tendances romantiques. Quand en janvier 1866 il quitta la Maison Hachette afin de se consacrer entièrement à sa carrière d'écrivain, il avait déjà publié un volume de nouvelles, 'Les Contes à Ninon' (1864), et un premier roman autobiographique, 'La Confession de Claude' (1865). Au cours de ces années de formation, la fréquentation des peintres l'engagea vers une esthétique réaliste, qu'il appliqua à la peinture comme à la littérature. En 1866, il fit scandale en défendant avec vigueur Manet dans "Mon salon", un recueil d'articles sur l'art. Son premier roman important, 'Thérèse Raquin' (1867), révèle non seulement son intérêt pour la peinture mais aussi l'influence du réalisme balzacien sur sa technique romanesque et l'impact des idées scientifiques, contemporaines et antérieures, sur son développement intellectuel, ses principes esthétiques et son art. Le réalisme absolu, la construction dramatique et la thèse physiologique de ce roman en font un des premiers et des plus frappants exemples de Naturalisme littéraire.

Inspiré par l'exemple de 'La Comédie humaine' de Balzac, Zola dressa en 1868-1869 les plans d'une série de romans qui deviendront plus tard les 20 volumes du cycle des 'Rougon-Macquart, histoire naturelle d'une famille sous le Second Empire', et qui constitueront sa préoccupation première pendant les 25 années suivantes. La série retrace la vie des membres d'une même famille dans des contextes sociaux et politiques variés, du Coup d'état de Louis-Napoléon, en décembre 1851, à la Chute du régime impérial au moment de la Guerre franco-prussienne et de la Commune de 1870-1871.

La série des romans avait pour but d'étudier les effets de l'hérédité et de l'environnement sur ses personnages, mais les objectifs scientifiques et sociologiques exprimés ouvertement seront toujours soumis à la puissante imagination littéraire de l'écrivain. Chaque roman, bien que partie intégrante de la série, forme un tout, avec sa propre intrigue, son thème principal et ses personnages. Parmi les chefs-d'oeuvre reconnus de la série, 'L'Assommoir' (1877), par exemple, illustre la vie dans certains bas quartiers de Paris à travers les mésaventures de Gervaise Macquart, tandis que, dans 'Germinal' (1885), le fils de Gervaise, Etienne Lantier, prend part au violent conflit des mineurs grévistes dans le Nord de la France. D'autres romans couvrent des thèmes tels que la corruption et les vices supposés du régime impérial ('La Curée', 'Nana'), les intrigues politiques de l'Empire à Paris et en province ('La Conquête de Plassans', 'Son Excellence Eugène Rougon'), les moeurs de la classe moyenne ('Une page d'amour', 'Pot-bouille'), le commerce et les nouveaux grands magasins ('Au bonheur des dames'), le milieu des artistes ('L'Oeuvre'), la vie paysanne ('La Terre'), le meurtre et les chemins de fer ('La Bête humaine'), le monde des finances ('L'Argent'), la Guerre franco-prussienne ('La Débâcle').

Après des années de lutte pour parvenir à la célébrité, à l'époque de l'achèvement des 'Rougon-Macquart', en 1893, Zola était réellement reconnu comme le romancier le plus éminent et le plus influent de son temps, bien que le monde littéraire refusât de le reconnaître et de l'accepter à l'Académie française. En 1870, il avait épousé Alexandrine Meley, la compagne de sa vie, et en 1888 il était tombé amoureux de Jeanne Rozerot, avec laquelle il fonda un second foyer et eut deux enfants, Denise (1889) et Jacques (1891). Animé par un zèle nouveau et réformiste, inspiré en partie par son désir de préparer un monde meilleur pour ses enfants, Zola se lança dans une série de romans, ouvertement didactiques : 'Les Trois Villes'. Avant la publication du 3e volume, 'Paris', Zola fut persuadé par Bernard-Lazare et Louis Leblois de l'innocence de l'officier juif, Alfred Dreyfus, tenu coupable de trahison et condamné en décembre 1894 à la prison à perpétuité. Le romancier intervint dans l'Affaire Dreyfus par une série d'articles et de pamphlets audacieux dont l'apogée fut 'J'accuse', publié dans L'Aurore le 13 janvier 1898. Il fut condamné pour diffamation et opta pour une période d'exil volontaire en Angleterre, à partir du 18 juillet 1898. Avant son retour en France, le 5 juin 1899, il avait commencé à écrire une nouvelle série de romans, 'Les Quatre Evangiles', qu'il ne termina jamais. Il mourut asphyxié la nuit du 29 septembre1902, la cheminée de son appartement parisien s'étant encrassée. La mort de Zola ébranla le pays ; ses funérailles furent un événement national et eurent des suites conséquentes. Dans son discours funèbre, par une phrase restée célèbre, un ami de l'écrivain reconnut en l'auteur de 'J'accuse' "un moment de la conscience humaine". Quant aux circonstances du décès, nul ne peut dire s'il s'agit d'un accident ou d'un acte criminel, et à cet égard, le mystère demeure entier.

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English translation by Valerie Minogue, London

Zola was one of the most eminent European novelists of the 19th century, and his influence, both as practising writer and as theorist of literary Naturalism, brought him world-wide renown. As a journalist and critic, during the last years of the Second Empire, and the first few years of the Third Republic, he created a reputation as a champion of realism, and defender of the progressive painters of the Pre-Impressionist period. As both dramatist and polemicist, he played a decisive role in the Dreyfus Case.

Zola was born in Paris on April 2, 1840, the only child of a French mother, Emilie Aubert, from la Beauce, and a Venetian civil engineer, Francesco Zola. In 1843, the family set up house in Aix-en-Provence; Zola’s father had been taken on for the construction of a dam and a canal. He died suddenly on March 28,1847, and his family grew steadily poorer thereafter. The young Zola seems however to have had a happy childhood in the sunny climate of the Midi, developing his love of the countryside, and weaving close bonds of friendship with the painter Cézanne. In February1888, this idyll came to an end, for he was forced by the family’s financial difficulties, as well as by his own literary ambitions, to go and live in Paris with his family.

Zola’s failure in the baccalaureate examinations in 1859 was a serious setback that considerably increased his difficulties.  He had to take ill-paid jobs, and went through an unsettled period of extreme poverty, before getting a steady job with the publisher, Hachette, in which he rose to the rank of Chief Publicity Officer. This position gave him the chance to meet important writers and critics, which encouraged him to opt for a career in journalism, and allowed him to move on from his early Romantic leanings. When he left the Hachette publishing-house in January 1866, to devote himself to a full-time career as a writer, he had already published a book of short stories, Les Contes à Ninon (1864) and a first autobiographical novel, La Confession de Claude (1865). In the course of these formative years, his associating with painters led him to a realist aesthetic which he applied to both painting and literature. In 1866 he created a scandal with his vigorous defence of Manet in Mon salon, a collection of his articles on art. His first important novel, Thérèse Raquin (1867), reveals not only his interest in painting but also the influence of Balzacan realism on his technique as a novelist, and the impact of scientific ideas, both contemporary and long-standing, upon his intellectual development, his aesthetic principles and his art. Its absolute realism, its dramatic construction and its physiological thesis make this novel one of the first and most striking examples of literary Naturalism.

Inspired by the example of Balzac’s La Comédie humaine’, Zola, in 1868-1869, drew up plans for a series of novels which would later become the twenty volumes of Les Rougon-Macquart, histoire naturelle d'une famille sous le Second Empire' , which will be his principal concern  over the next twenty-five years. The series follows the lives of various members of a single family in different social and political contexts, from the coup d’état of Louis-Napoléon, in December 1851 to the fall of the Imperial régime with the Franco-Prussian War and the Commune of 1870-1871. 

This cycle of novels aimed to study the effects of heredity and environment on the characters, but the declared scientific and sociological purposes are always subject to the powerful literary imagination of the writer. Each novel, while an integral part of the series, is entire in itself, with its own plot, its principal theme, and its characters. Among the acknowledged master works of the series, L'Assommoir (1877), for instance, illustrates the life of poor areas of Paris through the misfortunes of Gervaise Macquart, while in Germinal (1885), Gervaise’s son, Etienne Lantier, takes part in the violent conflict of miners on strike in Northern France. Other novels cover such themes as the corruption and alleged vices of the Imperial régime in La Curée, and Nana, the political machinations of the Empire in Paris and in the provinces, in La Conquête de Plassans, and Son Excellence Eugène Rougon, the behaviour of the middle classes  in Une page d'amour and Pot-bouille, business and the new big departmen stores in Au bonheur des dames, the art world in L'Oeuvre, the life of the rural peasantry in La Terre, murder and the railway in La Bête humaine, the financial world  in L'Argent, and the Franco-Prussian War in La Débâcle. 

After many years of struggle in pursuit of fame, by 1893, as he finished the Rougon-Macquart, Zola was fully recognised as the most eminent and influential novelist of his time, though the literary world still refused to recognise him and accept him into the French Academy. In 1870, he had married Alexandrine Meley, his life-long companion, and in 1888 he had fallen in love with Jeanne Rozerot, with thom he established a second household, and fathered two children, Denise in 1889 and Jacques in 1891. With a new reformist zeal, inspired in part by his wanting to prepare a better world for his children, Zola launched into a series of openly didactic novels, Les Trois Villes. Just before the publication of the third volume, Paris, Zola was convinced by Bernard-Lazare and Louis Leblois of the innocence of the Jewish officer, Alfred Dreyfus, who had been found guilty of treason, and condemned, in December 1894, to life imprisonment. The novelist intervened in the Dreyfus Case with a series of articles and audacious pamphlets, the high point of which was his open letter, ‘J'accuse', published in the newspaper L'Aurore, on the 13th of January, 1898. He was convicted of libel and opted for temporary exile in England, starting on the 18tht of July, 1898. Before returning to France on June 5, 1899, he had started a new series of novels, Les Quatre Evangiles, [The Four Gospels] which he never completed.  He died of suffocation during the night of September 29, 1902, the chimney of his apartment in Paris having become blocked. Zola’s death shook the whole country; his funeral was a national event, and there were important subsequent events. In his funeral oration, a friend of the writer, with a phrase that has remained famous, described the author of ‘J’accuse’, as ‘a significant moment of the human conscience’. As for the circumstances of the death, no-one can tell whether it was an accident or a criminal act, and the mystery remains unsolved. 

N.B.: It is now known that the chimney was deliberately blocked by an anti-dreyfusard roofer who later made a deathbed confession.

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